Comment je suis entré en AIKIDO


1 - J'étais coléreux, violent et peureux

Je pratiquais depuis un an déjà avec Itsuo Tsuda le Katsugen.

J'étais nerveux, coléreux et agressif. Je piquais souvent des colères où j'avais besoin de briser des objets. (Mais je ne tapais jamais sur personne !).

J'avais une énergie à défouler à coups de poings et à coups de pieds, et dans la rue je frappais volontiers sur divers mobiliers urbains.

J'étais un grand admirateur de Bruce Lee.

En même temps, j'avais peur de la violence des autres. Dans le métro, toute personne un peu agitée m'inquiétait.

Et j'avais conscience de ne pas savoir du tout me défendre, d'être complètement malhabile dans mon corps, d'être complètement démuni si par hasard je me faisais attaquer.

2 - Je cherche un cours de Kung Fu

Aussi je décidai de prendre des cours de Karaté ou de Kung-Fu.

J'avais bien entendu parler de l'Aikido par un ami. Il m'avait expliqué qu'on se servait de l'énergie de l'autre. Mais cela ne m'intéressait pas. Je voulais me servir de la mienne propre. J'avais plein d'énergie à dépenser.

D'autre part, au dojo de Tsuda, il y avait des cours d'Aikido. Je les voyais quand j'arrivais en avance à mes séances de Katsugen.

Cela ne m'intéressait pas. Je voyais des gens qui semblaient faire une danse molle et lente, incertaine.

Je voulais que ça cogne, que ça frappe, des choses claires, nettes, précises.

Je visitai plusieurs cours de Kung Fu, mais l'atmosphère qui y régnait ne me convenait pas. Comme je ne savais où m'adresser, je demandai à Tsuda s'il connaissait un bon prof de Karaté.

3 - Tsuda m'incite à faire de l'Aikido

Il me répondit : "En Katsugen, vous êtes en train de vous débloquer. N'allez pas faire du Karaté pour vous bloquer à nouveau.

Si vous êtes coléreux, si vous êtes violent, c'est que vous avez peur. Faites de l'Aikido."

Par respect, j'allai à une séance d'essai.

Tsuda faisait des gestes simples et apparemment anodins, qui pourtant faisaient chuter son "Uke" (partenaire / adversaire).

C'était incompréhensible. Il semblait ne presque rien faire.

Il ne donnait pas d'explications. Il faisait devant nous, à vitesse normale, puis disait : "faites le".

Alors j'essayais de faire pareil, du moins ce que j'avais cru voir et comprendre, et cela ne marchait pas.


4 - Je n'y arrive pas et je m'obstine

J'étais très conscient de ma maladresse et de mon mal-être corporel.

Cependant, un tel manque de résultat me surprenait. Cela m'intriguait.

Aussi je revins à la séance suivante, pour y voir un peu plus clair, mieux comprendre. Mon attention était complètement absorbée par cette occupation.

Je revins aussi aux séances suivantes. J'étais comme dans un brouillard, complètement perdu.

Rétrospectivement, je plains mes partenaires de l'époque. Mais on était tous très semblables. On n’arrêtait pas de faire des essais et des erreurs.

Je ne voyais pas le temps passer, j'oubliais tout le reste. J'étais comme plongé dans un jeu de devinette qui me prenait entièrement.

5 - Je suis captivé par ce cours

J'oubliai le Karaté.

Au bout de trois mois je remarquai que je n'avais plus peur dans le métro.

Je n'avais pourtant aucune raison valable de penser que j'aurais été plus capable qu'avant de me défendre. Mon niveau de complet débutant ne le permettait pas.

C'était une impression purement irrationnelle. Peut-être me sentais-je davantage capable d'éviter un coup ? Ou rassuré parce que je me voyais dans une perspective de progrès ?

Je fus pris par l'atmosphère étrange de ce cours. L'impression d'entrer dans un monde complètement nouveau, radicalement différent . Les relations de cause à effet n'étaient plus du tout les mêmes.

J'étais sur une "terra incognita" et cela me changeait de mon contexte habituel où je m'ennuyais ferme. J'étais comptable de profession, et, même si j'étais arrivé à un poste qui comportait assez de variété, de changement, et de responsabilité, les objectifs, le sens de ce que je faisais, ne me satisfaisaient pas du tout.

6 - Ce que j'y trouve

Je voyais d'abord quelque chose de beau : Tsuda avait beaucoup de grâce dans sa façon de se mouvoir.

Je voyais aussi quelque chose d'utile. L'objectif de paix universelle contenu dans l'Aikido me convenait parfaitement. C'était le genre de but qui manquait à mon activité professionnelle, uniquement orientée vers le profit matériel.

J'avais horreur à l'idée de faire du mal aux autres, et j'aurais été bien embarrassé si j'avais fait du Karaté, où on n'apprend qu'à donner des coups de poing et des coups de pied.

J'y voyais aussi quelque chose de magique, comme si, en entrant dans le dojo de Tsuda, j'entrais dans le monde des contes de fées, tel Alice au Pays des Merveilles, où c'est le pouvoir de l'esprit qui domine. Cela me faisait un bien fou, comme un bain rafraîchissant et régénérant.



7 - Tsuda pratiquait pour le plaisir

La pratique était agréable. Tsuda avait un sens de l'humour très prononcé, et les séances étaient toujours très joyeuses. Il prenait plaisir à pratiquer et ce plaisir se communiquait.

Il disait qu'il n'enseignait pas. Il pratiquait, et d'autres pratiquaient avec lui.

Il ne prétendait pas à l'efficacité martiale. Il disait qu'à son niveau, il n'était pas efficace. Au niveau de Maître Ueshiba (le fondateur de l'Aikido), peut-être, et encore....

Il recherchait seulement l'harmonie, la non-opposition.

Etre "au diapason du Ciel et de la Terre". Cette formulation me semblait très mystérieuse et incompréhensible.

Il disait : "Si l'Aikido peut vous aider à bien faire une omelette, c'est déjà ça".

8 - Nous devions trouver par nous-mêmes

On se sentait très libres. Il ne venait pratiquement jamais nous corriger. C'était nous qui devions trouver, de nous-mêmes, après l'avoir observé une ou deux fois, le bon mouvement.

Il passait rapidement d'une technique à une autre, si bien que nous n'avions pas le temps de nous attarder sur une en particulier.

A la fin d'une technique, il donnait quelque fois quelques explications, puis disait :

"Bon, passons à autre chose", sans nous laisser le temps de nous corriger.

En fait, ses explications se limitaient à : "Je vous ai montré ceci" (et il refaisait le mouvement)

"et vous avez fait cela », et il singeait les erreurs des uns et des autres, ce qui nous plongeait dans une grande hilarité.

9 - Tsuda se moquait de nous

Mais cela nous donnait aussi une très mauvaise opinion de nous mêmes. Nous nous sentions vraiment nuls et incapables. Tsuda ne nous en dissuadait pas, au contraire.

Il se moquait de notre maladresse, disait que nous étions tout dans notre tête, et absents de notre corps. Que nous étions très intelligents, mais incapables d'éviter un pot de fleurs qui tomberait d'un toit.

Un ancien qui avait commencé dès la première heure avec Tsuda, m'a raconté qu'au début, quand il voyait ses élèves faire le contraire de ce qu'il montrait, il croyait qu'ils le faisaient exprès.

Il ne pouvait envisager que ce soit de la pure maladresse, car au japon les pratiquants sont plus à l'aise avec leur corps, et font tout de suite ce qu'on leur montre.

Alors il se mettait en colère, si bien que ses élèves lui ont fait comprendre que s'il voulait continuer avec eux, il fallait qu'il se calme et les accepte comme ils étaient.


Itsuo Tsuda regarde Maître Ueshiba appliquer une technique, à Tokyo

10 - L'époque de la rue des Epinettes

Les cours avaient lieu à Saint Maurice (banlieue sud-est de Paris), rue des Epinettes. Le métro le plus proche s'appelait "Liberté", cela me plaisait bien.

Le dojo était installé à l'étage d'un bâtiment vétuste, qui fut démoli plus tard, qui comprenait seulement des garages au rez de chaussée.

Nous y étions tranquilles. Lors des stages et s'il faisait beau, nous allions pique-niquer le midi au bois de Vincennes tout proche.

Les cours avaient lieu le soir avant le Katsugen. Il y avait 2 séances le matin à 7h30 pour les avancés.

11 - Je commence à faire des progrès

Il me fallut plusieurs années pour arriver à comprendre le sens de quelques mouvements. Ah, comme ça, ça marche !

Enfin ! Je n'étais plus complètement nul. J'arrivais à faire certaines figures.

Je commençai à aller aux cours du matin. Il y avait là de temps en temps quelques ceintures noires, qui venaient d'autres écoles. Mais ils ne restaient pas longtemps. Seuls, à ma connaissance, deux sont restés.

12 - Tsuda était anti-technique

L'enseignement de Tsuda ne ressemblait pas du tout à l'enseignement courant de l'Aikido. Il était anti-technique.

Il privilégiait le "Ki" (Energie vitale). On devait tout faire par le Ki. Il disait que la plupart des écoles faisaient de l'Aikido sans Ki.

Qu'ils faisaient de la "mécanique rationnelle". Qu'ils n'arrêtaient pas de se disputer sur la forme des techniques : "S'il m'attaque comme ceci, je dois le saisir comme cela, etc..."

Il disait ; "Untel a étudié à fond toutes les techniques possibles et imaginables.

Puis en traversant la rue il s'est fait renverser par un taxi. Il aurait dû faire du Taxi-do !"

13 - Il utilisait son "Ki"

Sans aucun doute, Tsuda avait du Ki. C'était la grande différence qu'on sentait entre lui et nous.

Il semblait rayonnant, « péter " l'énergie. J'étais fasciné de le voir toujours de bonne humeur, en pleine forme, prêt à sortir un bon mot, toujours présent et vif.

Au cours, je sentais l'énergie dans le dojo, comme à couper au couteau. Tous les pratiquants ressentaient ça. Cela nous rendait admiratifs et envieux.

Nous aurions bien voulu acquérir aussi cela, mais cela ne semblait pas dépendre de notre volonté, ni de notre entraînement. On se demandait comment Tsuda avait bien pu faire pour en arriver là. Il n'en était que plus auréolé de mystère et de prestige.


14 - Cela nous semble hors de portée

Cela l'auréolait d'une qualité, d'une capacité spéciale, que nous n'avions pas, et n'aurions peut-être, sans doute jamais.

"Tsuda est si loin", disaient certains. "Nous ne pourrons jamais arriver à son niveau". D'ailleurs j'ai reçu récemment l'appel d'un ancien, qui avait appris que je donnais des cours d'Aikido. Il exprimait que c'était vain, que Tsuda mort, il n'y avait plus d'Aikido !

Il est certain que je suis loin d'avoir le Ki que possédait Tsuda. Mais, par rapport à mon état premier, à mes débuts, j'ai quand même fait des progrès.

Et je n'ai pas la prétention d'enseigner à mes élèves l'Aikido de Tsuda, j'en ai juste gardé la partie préparatoire.

15 - La préparation respiratoire et méditative

J'aime bien cette préparation.

Au début, on reste un certain temps en méditation, en Seisa (assis sur les talons). Main gauche sur main droite reposent sur le haut des cuisses, l'extrémité des pouces se touchant. On garde les yeux fermés, et on se concentre sur la respiration.

On peut imaginer que l'inspiration monte jusqu'au ciel, l'expiration descend jusqu'au centre de la terre. Je pense que c'est cela que suggère l'expression « être au diapason du ciel et de la terre".

On peut aussi imaginer le feu qui monte avec l'inspiration, l'eau qui descend avec l'expiration. Je ne vais pas expliquer dans le détail toute cette préparation.

Finalement, cette première partie méditative me paraît la plus importante. C'est elle qui conditionne, selon qu'elle a été faite profondément ou non, toute la suite de la séance.

Pour Tsuda cette partie préparatoire n'était pas un échauffement, mais de l'Aikido à part entière. Il racontait qu'au Japon, le Fondateur étant arrivé en retard au cours, son assistant lui dit respectueusement : "Maître, en vous attendant, nous avons fait l'échauffement." Le Fondateur répondit en colère : "Mais ce n’est pas de l'échauffement !"


Tsuda appelait celà : Pratique Respiratoire.


16 - Visualisation et Energie

Tsuda attachait beaucoup d'importance à la visualisation.

C'est par la pensée qu'on dirige l'énergie. Il y a ce concept aussi en Katsugen. Mais la pensée seule ne suffit pas. Il y a aussi l'attitude corporelle.

Si on fait l'analogie avec un tuyau d'arrosage, on pourrait dire que la pensée, c'est l'eau, et le corps le tuyau. Il faut le tuyau pour diriger l'eau. Et sans l'eau le tuyau n'est rien.

On imagine toujours que nos mouvements dépassent l'enveloppe physique de notre corps. Cela peut paraître artificiel et irréaliste, mais c'est en fait très naturel.

Je me souviens encore que lorsque j'étais petit enfant, et que je levais le bras, j'avais la sensation de le lever jusqu'au ciel.

Tsuda nous parlait beaucoup des petits enfants. Il nous disait : "Quand j'aurai disparu, vous ne serez cependant pas seuls sur la voie : Vous aurez avec vous quantité de petits maîtres : Les enfants."

Il s'agit donc de pratiquer avec confiance et naïveté. Oser dessiner avec son doigt un arc en ciel, créer des vagues, des tourbillons, des cascades...


Lors de la préparation, Maître Ueshiba effectue ,la "vibration de l'âme"

17 - La poussée du Boken

Beaucoup connaissent cette photo, ou peut-être ont-ils vu un extrait de film, où on voit le fondateur tenir un Ken à bout de bras, sur lequel poussent latéralement 3 solides gaillards, résister tranquillement à cette poussée, comme si de rien n'était.

Cette résistance semble contraire à toute logique mécanique, et en effet tous ceux qui s'essayent à cet exercice, aussi forts soient-ils, n'y arrivent pas.



Apparemment, ce n'est pas seulement une question de positionnement physique. Tous ceux qui voient cette image ne s'expliquent pas comment c'est possible, et, s'ils ne l'avaient sous les yeux, nieraient que cela soit possible.

C'est ce qui se passe pour Itsuo Tsuda.

Tsuda pratiquait également la poussée du Boken, j'ai poussé moi-même très souvent sur son Ken, car il le faisait systématiquement à chaque séance, avec 2 pousseurs, mais quand je le raconte, on ne me croit pas.


Voici une photo où on le voit avec deux pousseurs.

On peut trouver une série de ces photos de poussée du ken dans son huitième tome de la série de l'Ecole de la Respiration : "La voie des Dieux".


Je l'ai même vu, au début où j'étais avec lui, s'essayer à cet exercice, ne pas y arriver, et à un moment dire "j'ai compris", et ensuite systématiquement réussir.

Il ne s'agit bien sûr pas de force physique, ni seulement de positionnement du corps, bien que la position correcte soit tout de même indispensable.

Il s'agit de circulation de l'énergie dans tout le corps, et spécialement dans le bras et le Ken, et de visualiser que ce bras et ce Ken ont une dimension infiniment grande, se prolongent jusqu'à l'autre extrémité de l'univers.

Il y a aussi une question de respiration. Il me semble qu'Itsuo Tsuda faisait cela sur l'inspiration. C'est du moins ce que je crois.

Je ne peux pas le démontrer, car mon énergie n'est pas suffisamment libre, et ne s'étend pas jusqu'aux dimensions de l'univers. Peut-être un jour ?

18 - Souplesse et sensibilité

L'Aikido de Tsuda était tellement différent des autres que je n'osais aller voir ailleurs. J'avais peur de m'y faire malmener.

Je suis allé à un seul stage animé par un autre que Tsuda, Maître Yamaguchi. Tsuda nous l'avait conseillé, car d'après lui, il avait le "KI".

Effectivement, j'y fis une mauvaise chute et me fis mal au genou. Mais ce fut intéressant.

Chez Tsuda on ne se renforçait pas les poignets par des auto-torsions comme on le fait partout ailleurs, il ne le voulait pas. Il encourageait par contre les torsions faites par le partenaire, au cours de la pratique. Il y voyait une meilleure circulation du Ki.

Comme dans la pratique nous n'étions pas trop méchants, veillant surtout à ne pas faire mal du tout à notre partenaire, nos articulations n'étaient pas trop mises à contribution, et restaient très sensibles.

Tsuda citait Maître Noguchi (son Maître en Seitai et Katsugen), qui mesurait l'intelligence des personnes à la souplesse de leurs poignets.

Il lui suffisait de serrer la main de quelqu'un, et ce faisant de lui secouer le poignet, pour se faire une idée de ses capacités de compréhension.

Je ne sais si souple et sensible, c'est pareil.

Toujours est-il, qu'après la mort de Tsuda, quand j'ai fréquenté d'autres écoles, la sensibilité de mes poignets m'a posé problème.

C'est seulement maintenant, après 5 années de pratique à Iwama Ryu, que je ne crains plus qu'on me fasse "Nykkio" (Une clé très douloureuse sur le poignet).

19 - L'époque de la rue d'Avron

Il fallut déménager de la rue des Epinettes, les garages allaient être rasés, pour laisser place à des immeubles.

Cela coïncida avec une crise dans l'association, suite à l'arrivée de madame Tsuda. Il y eut une forte opposition entre elle et la secrétaire, qui jusque là menait la barque.

L'ambiance devint à ce point hostile que monsieur Tsuda dit : « J’arrête tout et je pars" (j'étais présent lors de ces paroles historiques).

Il arrêta un an, période durant laquelle il alla habiter chez Marianne Dubois.

Puis il créa une nouvelle association, l'"Ecole de la Respiration", et trouva un local rue d'Avron dans le 12e.

Ce fut ma première interruption d'un an.

Quand je revins, je fus surpris de voir que je n'avais rien oublié, et que les mouvements se faisaient tout seuls, naturellement.

A partir de cette période, il y eut cours tous les matins à 6h30.

J'habitais en vallée de Chevreuse à Bures sur Yvette, dans les bois, et il me fallait me lever à 4h pour aller à la gare à pieds à travers bois, et prendre le premier train à 5h1/4.

Malgré cette difficulté je ne ratais pas une séance du matin. J'étais tellement passionné que je me réveillais automatiquement à l'heure voulue.

Le voyage nécessaire à pieds, puis en train et métro, représentait sans doute une préparation, car en arrivant sur le tapis je me trouvais hyper concentré, et je perdais mes perceptions courantes de l'espace et du temps. C'était comme si le temps s'étirait, et à la fin de la séance j'avais l'impression que l'heure de cours avait duré une semaine !

Plus tard quand j'eus une voiture ce phénomène persista, bien que j'eus le sentiment que la concentration était moins forte qu'avec les voyages en train, et souvent en sortant du cours je ne retrouvais pas ma voiture car cela faisait une semaine que je l'avais garée, et j'avais oublié où !

20 - Je pratique "l'Aikido d'amour" et porte le Hakama

J'avais à l'époque une amie dont j'étais très amoureux. J'avais réussi à la décider à faire de l'Aikido, et avant la séance, qui avait lieu à 7h1/2 le matin, nous nous donnions rendez-vous au café proche et prenions notre petit déjeuner ensemble.

Le patron nous maternait, et c'était devenu un rite indispensable. D'autres pratiquants profitaient avec nous de la gentillesse du patron. Grand bol de café au lait, avec croissants beurrés.

Nous pratiquions toujours ensemble. Je n'aurais pas supporté de pratiquer avec quelqu'un d'autre qu'elle. Cela m'aurait été très désagréable et pénible.

Non pas que c’était plus facile de pratiquer avec elle : Elle se mettait en opposition et ne me faisait pas de cadeau. Il m'était en outre difficile d'avoir l'attitude détachée nécessaire pour que les mouvements coulent bien. Somme toute, c'était un bon exercice.

Tsuda rigolait, et disait : "Yves pratique l'Aikido d'amour !"

Au bout de quelque temps, comme je ne ratais pas une seule séance, matin et soir, j'eus l'impression de tout savoir et de m'ennuyer.

Je décidai de mon propre chef de m'acheter un Hakama, et j'arrivai un matin mon hakama mal ficelé sur mes hanches.

Tout le monde fut surpris et Tsuda vint vers moi en riant et me montra comment l'attacher. Et il dit : "A partir de maintenant tous ceux qui voudront mettre un hakama pourront le faire. C'est de la responsabilité de chacun. Je considère que porter le hakama sert à progresser dans sa pratique."

C'est d'ailleurs exact, tout le monde peut constater qu'il pratique mieux dès qu'il en porte un.

D'autres pratiquants mirent aussi le hakama, et désormais dès qu'un pratiquant se sentait assez assuré, il le mettait aussi. Il suffisait d'être capable de ne pas se prendre les pieds dedans !

21 - J'ouvre mon propre dojo

Après quelques années le dojo d'Avron devint trop petit et Tsuda se mit en quète d'un autre local.

Parallèlement, il me semblait savoir tout ce qu'il enseignait, et j'avais moi-même une très forte envie d'enseigner, avec ma pédagogie personnelle.

Au dojo de Tsuda, c'était impossible. Quand il s'absentait, les anciens assuraient le cours à tour de rôle, sans qu'il y eut d'assistants désignés. C'était qui voulait.

Ce n'était donc pas très souvent, et on ne se sentait pas très à l'aise de se trouver à la place du "Maître".

Je cherchai donc un dojo moi aussi, et trouvai sur le canal de l'Ourcq, dans un ancien entrepôt de la ville de Paris, un très beau local pas cher que Tsuda n'avait pas retenu, parce qu'en location précaire.

Tsuda trouva ensuite à l'actuelle rue des Petites Ecuries.

J'avais eu l'intention, au début, de continuer à aller à son dojo. Cela me semblait naturel. Mais j'eus la surprise, au bout de quelque temps, de me sentir bien mieux dans mon propre dojo qu'à celui de Tsuda.

La différence d'atmosphère entre les deux dojos devint tellement forte que, peu à peu, j'allai très peu rue des Petites Ecuries.

Et une fois, alors que je lui servais de "Uke" (celui qui subit la technique), Tsuda me fit tellement mal au poignet lors d'un Shihonage, que je me dis qu'il devait l'avoir fait exprès, et je ne revins plus jamais.


2 - Tsuda ne donnait ni diplômes ni ceintures

Tsuda ne donnait pas de diplômes, et ne faisait pas partie de la Fédération. Nous étions tous ceintures blanches, bien que portant le Hakama, à partir du moment où nous le décidions nous-mêmes.

Il n'y avait pas de hiérarchie. Cela avait un côté agréable, nous étions tous à égalité, et pratiquions seulement pour le plaisir de pratiquer.

Mais quand quelqu'un, comme moi, pensait avoir des compétences et voulait les exercer, cela ne le mettait pas dans une position facile.

Pas de diplôme, aucune reconnaissance officielle, même pas de la part de Tsuda.

Pour le Katsugen, il a fait de même : Pas de diplôme, aucune reconnaissance de la valeur de quiconque.

23 - Je ferme mon dojo et pratique l'approche Tamura en Bretagne

Ne pouvant faire de publicité pour cette raison, j'eus très peu de monde à mon dojo, et n'eus pas de mal à m'en séparer quand, en 88, je fus licencié de mon emploi pour raison économique.

En 89 je vins en Bretagne et allai au dojo de Dinan, au cours de Maurice Dubreuil. J'y reçus un très bon accueil et y pratiquai avec plaisir pendant quelques années.

Mais la technique y était très différente de chez Tsuda, et je n'arrivais pas à m'y faire. D'abord, la plupart de ce que j'avais pratiqué jusqu'à présent chez Tsuda ne passait plus : les attaques, les saisies, étaient différentes, plus fortes. Je me trouvais souvent bloqué.

Et je n'arrivais pas à bien saisir la logique de cette nouvelle technique. Si bien que j'avais l'impression de régresser au lieu d'avancer. J'oubliais l'approche de Tsuda, et je n'arrivais pas à intégrer celle de Tamura.

Si bien qu'au bout de 4 ans, découragé, j'abandonnai.

24 - Je cherche une autre école, et trouve Ywama Ryu à Rennes

Je restai un an sans pratiquer. Puis je me dis qu'après tant d'années de pratique, je n'allais pas laisser l’Aikido comme cela. Surtout que j'avais toujours ce désir fort en moi d'enseigner. Je pris donc le bottin et cherchai une école sur Rennes.

Je tombai sur Daniel Toutain et lui demandai tout de suite de quelle fédération il faisait partie, pour me faire une idée de quelle sorte d’Aikido il pratiquait.

Il me répondit : "Est-ce important de faire partie d'une fédération ?" Je lui répondis "Non" (j'avais bien commencé comme ça !).

Dès le lendemain je vins assister à son cours d'armes à Villejean.



Je fus accueilli par Serge, Serge que je trouvai très chaleureux, et je m'inscrivis au cours. J'étais fort intéressé par les armes, car je n'avais jamais jusqu'alors trouvé de cours d'armes du Fondateur, et cela seul pouvait justifier mon inscription.

Dès ce moment, je m'attachai à ne plus manquer un cours d'armes


25 - J'ai des difficultés avec les "gros bras"

Par contre, pour le travail à mains nues, je trouvai que c'était un travail de "gros bras".

Je fus pris en mains par les "Sempaïs" (les plus hauts gradés), qui tous avaient des bras énormes, comparés aux miens, et des poids bien supérieurs.

Si bien que mes techniques ne marchaient pas du tout, c'était désespérant, quelquefois j'en pleurais presque, j'avais le sentiment d'impuissance d'un enfant devant la force d'un adulte.

On m'expliquait bien quoi faire, mais il y avait tant de détails à intégrer en même temps que je n'y arrivais pas et ne réussissais pas mes mouvements.

C'était encore une fois un Aikido non seulement différent, mais aux antipodes de ce que j'avais appris chez Tsuda, et j'étais complètement perdu.

Mon esprit se brouillait à nouveau et je cafouillais, comme dans mes débuts. J'appréhendais d'avoir comme partenaire un "gros bras" et essayais de trouver des partenaires moins costauds, à ma mesure, pour être au moins capable de passer quelques techniques.

Vu l'effort d'apprentissage que je devais faire, participer à ces cours me mettait dans une grande tension, et, aussi, mon égo souffrait d'être la plupart du temps en situation d'échec. Pour moi qui pratiquais depuis si longtemps, c'était très dur.

D'autant plus que certains pratiquants relevaient sans ménagement mes erreurs. Objectivement, ils avaient raison, mais psychologiquement ce n'était pas bon.

26 - Je découvre l'école de Gérard Blaise

Aussi je fus heureux de rencontrer Eric Derobe, de l'école de Gérard Blaise, qui venait juste d'ouvrir un dojo à Rennes, et m'invita à y pratiquer.

Le style était très proche de l'école de Tsuda, et je m'y sentais à l'aise.

Cela me décompressait de mes séances "Iwama Ryu" car je revenais dans quelque chose de connu et renouais avec mes racines.

J'étais heureux de voir que malgré les années de pratiques différentes, à Dinan et à Rennes, je pouvais à nouveau pratiquer comme cela.

Pour moi, c'est un plaisir et un jeu, et même lorsque je me sentis plus à l'aise dans l'approche "Iwama", je continuai d'aller de temps en temps chez Eric, pour le plaisir.

27 - Je me sens plus à l'aise en Iwama Ryu

A force de pratiquer, je finis par découvrir les ficelles et les finesses (enfin, pas toutes !) de l'approche "Iwama Ryu". Il m'a fallu beaucoup de temps, cela s'est fait peu à peu.



Je ne considère plus que c'est une affaire de gros bras. Mes bras ont un peu grossi, à cause du travail des armes, mais je ne considère pas avoir des gros bras. Je ne fais pas d'haltérophilie. Par rapport aux mêmes "Sempaïs" du début, j'ai toujours de petits bras.

Cependant, je suis étonné de passer mes techniques de plus en plus facilement avec des partenaires de plus en plus forts. Je commence à moins tenter de les éviter !

Au bout de 4 ans, Daniel Toutain m'a proposé de passer la ceinture noire Iwama Ryu, et j'ai été fort content de l'obtenir.

C'était mon premier grade officiel après 27 ans de pratique !


28 - J'ouvre un nouveau dojo à Plouer sur Rance

J'ai toujours eu grand plaisir à enseigner.

J'habite assez loin de Rennes, et ne puis venir à toutes les séances comme je le faisais à Paris chez Tsuda. Aussi très vite je me suis entraîné chez moi avec quelques amis.

De là à ouvrir un nouveau dojo, il n'y avait qu'un pas. C'est le banquier au rez-de-chaussée de mon immeuble qui m'a décidé. Son fils de 15 ans en avait assez de faire du judo. Il ne supportait plus les compétitions.

Il m'a demandé quand est-ce que je commençais mes cours. J'avais depuis quelque temps contacté la mairie, mais elle n'avait pas de salle disponible.

J'en avais assez d'attendre. J'avais un élève, j'avais une grande maison, j'ai commencé avec lui dans ma chambre, en attendant d'aménager une pièce plus grande.



J'ai mis quelques affiches, et d'autres enfants sont venus. Nous avons pu faire un cours de 5 ou 6 élèves. Quelques mois plus tard, quand ma grande pièce a été aménagée, des adultes sont venus, 5 ou 6 aussi. C'était fin 98, début 99. En 99/2000, nous sommes une vingtaine, 10 enfants et 10 adultes.

Quand il fait beau, nous allons faire des armes au bord de la Rance, à Langrolay, c'est superbe. Moins loin, nous avons le parking des écoles, où nous pouvons aller à pied, avec vue sur la vallée de la Rance, c'est très agréable aussi.

La mairie est en train d'y aménager un dojo municipal qui sera opérationnel en septembre 2002.

29 - Je donne des cours à Rennes

Cet été 2001, Daniel Toutain m'a proposé d'assurer les cours du samedi matin dans son dojo.

A priori cela ne m'arrangeait pas, car j'avais prévu de garder libres tous mes week-ends, pour pouvoir participer au plus grand nombre de stages possible. Puis je me suis dit que c'était une bonne opportunité de progresser, et de m'obliger à être meilleur. Et aussi de répondre à une preuve de confiance que me faisait Daniel.

J'acceptai donc, tout en sachant qu'en outre ce ne serait vraiment pas facile pour moi, sur le plan psychologique.

Je suis très confiant et rassuré dans ma position d'élève vis à vis de Daniel, car je mesure tous les jours sa patience et son esprit positif vis à vis des élèves les plus malhabiles (dont j'ai fait partie).

Dans cette situation d'élève, je me sens autorisé à faire toutes les fautes possibles, je sais qu'il ne m'arrivera rien de grave, Daniel se contentera de me répéter inlassablement pour la Xéme fois comment faire le bon mouvement.

Mais en tant que prof donnant des cours pour lui à ses élèves dans son dojo, je ne me sentais plus autorisé à la moindre faute technique.

Aussi j'arrivai à mon premier cours très tendu, et donnai beaucoup, beaucoup d'explications, sans doute pour évacuer mon stress. J'avais la bouche sèche, et allais souvent dans le vestiaire pour boire de l'eau.

Daniel, de son bureau, s'il levait les yeux, avait vue directe sur moi. Heureusement, ostensiblement, il ne me regardait pas. Mais il m'entendait. Et ma voix était bloquée par le stress, presque inexistante.

Mon cerveau aussi fonctionnait mal, et j'oubliais beaucoup de détails techniques importants, le nom des prises, etc...

Heureusement, sont présents quelques amis ceinture noire qui font office de souffleurs et de correcteurs d'erreurs. Quand j'ai un doute, je leur demande à la fin de ma démonstration : "C'est bien ça ?" et je n'hésite pas à corriger de suite si je me suis trompé.



Au bout de trois mois je suis plus décontracté et enseigne à peu près comme dans mon dojo personnel. Je commence à bien connaître les élèves, qui sont toujours les mêmes.

Alors qu'au début je ressentais ce cours comme une charge, je ne m'en préoccupe plus avant, et pendant j'en retire un grand plaisir.

Mais ce samedi Daniel était là, et j'ai à nouveau paniqué. Encore des progrès à faire !


30 - Les incidences psychologiques

Daniel Toutain m'a proposé de passer mon deuxième dan, et tout le monde me dit que je pratique mieux.

J'en suis un peu étonné car je pratique simplement comme d'habitude, mais les regards extérieurs ont perçu quelque chose de différent, assez significatif pour que Daniel me propose un dan supplémentaire, et que beaucoup viennent vers moi pour pratiquer.

Au delà de la technique, ce que m'a apporté cette école a été fondamental sur le plan personnel.

D'abord, dès le début, je m'y suis senti soutenu.

Dans tous les autres dojos où j'étais passé auparavant, j'avais dû me débrouiller seul. Ici des anciens sont venus vers moi et m'ont pris en charge pour me former. J'ai été très touché de l'attention qu'ils m'ont porté, même si cela n'a pas toujours été facile (voir plus haut).

Quand j'ai voulu créer mon dojo, j'ai été également étonné du soutien que m'a donné Daniel Toutain.

Cela n'avait pas été le cas quand j'avais créé mon dojo à Paris. Cela avait conduit à la séparation d'avec Itsuo Tsuda et son école.

Tandis qu'à présent, j'ai vraiment l'impression de faire partie d'une grande famille. Les stages qu'organise Daniel Toutain sont des occasion de rencontre très agréables entre les participants de différentes régions, et de différents pays. Il y règne un état d'esprit positif et enthousiaste, avec beaucoup de vie et de gaité.

Ensuite, le groupe Aikido est carrément devenu un lieu de vie. Je ne me contente pas d'aller y acquérir, ou enseigner à d'autres, une technique. J'y suis en relation avec d'autres personnes, qui me reconnaissent comme quelqu'un de valeur, et cela me fait beaucoup de bien.

Chaque reconnaissance supplémentaire, comme ce 2e dan que je viens de recevoir, ajoute encore à mon mieux-être, et à ma motivation pour faire mieux encore.

L'aikido peut sembler être quelque chose de bien spécial, une petite partie de la vie qu'on mène, et ce qu'on y fait pourrait ne pas avoir d'incidence sur le reste.

Cependant avoir ma ceinture noire a eu un effet sur ma vie entière.

J'ai été capable de quelque chose, que tout le monde, pas seulement les aikidokas, reconnait comme difficile, important et valable. Cela m'a apporté une forme de reconnaissance sociale et m'a psychologiquement apaisé.
Dès la première année Daniel nous encourage en nous faisant passer les premiers grades Kyu.

Au cours d'une séance d'Aikido, on oublie tout le reste, tous ses soucis, et on en ressort l'esprit neuf, et positif. C'est un apprentissage de l'effort, de la constance, et du succès progressif.
Tout le monde, par un travail régulier, réussit. Le secret est dans la continuité.

C'est aussi apprendre à recevoir, à donner, à avoir confiance, à respecter. Et, comme je viens de le dire, cela déteint sur la vie entière.


31 - Indépendance

Un samedi matin, Daniel Toutain m'a proposé de passer mon troisième dan. Je ne m’y étais pas préparé, c’était complètement inattendu. Il demanda à un ancien de faire le cours à ma place, et désigna un élève pour me servir de Uke. Un ami était là qui a pu filmer.
Daniel m’indiquait le nom des prises et mouvements, et je devais les exécuter. Mon partenaire était encore débutant et n’attaquait pas très bien, cela ajoutait à la difficulté. Mais je m’en suis bien sorti dans l’ensemble et je suis content d’avoir eu ce grade. Il légitime ma position de professeur.
Je commençai à éprouver de la fatigue, sans doute à cause de l’âge, à venir tous les samedis matin enseigner à Rennes, et pus passer le flambeau à un plus jeune.
J’arrêtai aussi d’aller aux cours le soir à Rennes. Besoin de repos. Je me concentrai sur mon dojo de Plouer.
Quand l’année suivante je repris contact, Daniel Toutain était parti. J’étais content d’avoir profité au maximum de sa présence durant 10 ans quand il était là. Je ne le reverrai maintenant qu’aux cours de stages, de temps en temps. Une page de ma vie d’élève était tournée.
Je pense avoir bien intégré l’enseignement de Daniel, et m’attache à le retransmettre avec précision, rigueur, et bienveillance, ainsi qu’il faisait lui-même pour transmettre l’enseignement de son propre Maître Morihiro Saito.
Le dojo de Plouer est vivant, composé d’élèves passionnés qui viennent souvent de loin pour participer aux cours, et j’espère que quelques uns oseront passer devant Daniel leur examen de ceinture noire !


32 - Nouvelle organisation

A présent l'école de Daniel a une dimension internationale, et il ne donne plus de cours le soir, dans un endroit fixe, comme autrefois à Rennes. Il a créé la Fundamental Aikido Association (FAA), avec un dojo central à Aywaille (Belgique), où il dirige régulièrement des séminaires avec élèves internes. Il se déplace en outre en France, en Europe et ailleurs dans le monde pour assurer des stages là où il est invité.
Notamment à Rennes ou environs il revient de temps en temps, et je peux ainsi maintenir un contact avec lui et ses anciens élèves.
A cette occasion il m'a attribué en mars 2014 le grade de 4ème dan. Je suis devenu le plus âgé du groupe, ceci ne manque pas de m'encourager !

33 - Nouveau style

Daniel, sans cesse en recherche de perfection et d'évolution personnelle, a considérablement évolué dans son approche, qu'il a fini par dénommer "Wanomichi".
Mais là je me sens dépassé, vu mon âge sans doute, et j'en reste à l'aïkido traditionnel de Morihiro Saito, qui me donne de bonnes satisfactions.
J'encourage toutefois mes élèves à participer aux stages de Daniel s'ils en ont envie.



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